Projet XVII Baudelaire : La poésie à deux visages

On dirait pas comme ça mais à l’Écoutologue on aime beaucoup la poésie. Je ne pouvais évidemment pas passer à côté de ce spectacle, moi l’amoureuse de la chanson à texte et des endroits intimistes. Le 5 avril, les Caves du Manoir de Martigny programme Projet XVII pour les Cellules Poétiques 2ème édition. Une interprétation des textes de Baudelaire doublée d’une performance électro-poétique. Composés de deux membres, Guillaume Pi (Capitaine Etc.) et Michael Borcard (Penfield), ces deux genevois me sont bien familiers. Je les connais déjà dans leurs projets musicaux respectifs que j’affectionne particulièrement.

Aaah, les Caves du Manoir… Y’a pas à dire, c’est un magnifique endroit pour apprécier la musique à sa juste valeur. À peine arrivés, on est déjà plongés dans l’ambiance avant même que le spectacle commence. Je m’assieds au deuxième rang et attends impatiemment ce moment électro-poétique. Pas besoin de vin pour s’enivrer ce soir, me voilà déjà clouée à ma chaise.

Première chose qui m’a interpelée : La scène scindée en deux époques bien distinctes. À gauche, une lumière tamisée comme dans un salon, une chaise ancienne et une petite table ronde en bois sur laquelle repose un livre chargé d’écritures de Baudelaire et un verre de vin. À droite, un monde contemporain avec des machines modernes, un clavier et même un saxophone et une basse.

Guillaume, habité par une énergie théâtrale, raconte les textes de Charles Baudelaire, les vis et les fais vivre d’une façon envoutante. Posant parfois ses yeux sur son livre, pour la grande partie du spectacle, c’est dans les yeux du public que ça se passe. C’en est un peu troublant parfois. De l’autre côté, Michael réveille les touches de son clavier et créé une boucle avec son looper. Une ligne de basse et un solo de saxophone plus tard, le musicien à capuche construit peu à peu l’ambiance sonore à l’aide de plusieurs séquences superposées.

L’interprétation de Guillaume et Michael, additionné d’un jeu de lumière particulièrement saisissant, crée une atmosphère incroyable. Une vraie alliance d’hier et d’aujourd’hui qui m’évoque un passage dans une autre dimension. Une petite gorgée de vin pour Guillaume et on reprend les chapitres suivants. On sent bien l’inspiration de Gainsbourg dans la manière de se tenir, la diction et la façon d’être du personnage. Une dynamique ancrée, des changements d’ambiances surprenants, surtout pour moi, qui découvre l’univers de Charles Baudelaire. En parlant de changement d’ambiance, j’ai pu découvrir une nouvelle facette de Guillaume, comme s’il était habité par Mr Hyde. Une voix aiguë, une diction lente et inquiétante, comme récitée par quelqu’un d’autre. Un instant particulier et vraiment intéressant.

Tu l’auras compris, on a vécu une performance théâtrale de haut vol rythmée par les textes de ce grand poète français du XVIIe siècle. Un voyage que j’ai adoré mais que je conseille plutôt aux initiés et aux amateurs de poésie contemporaine.

Photo : © Cellules poétiques / Vallotton Marine

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