Korrigan Circus : La forêt s’invite au Théâtre Interface

Après un concert on a souvent la sensation d’avoir voyagé. Parce que le live il faut bien l’avouer, c’est une dimension vivante.
Si vous saviez le nombre de fois où j’ai voyagé dans les soirées musicales, des spectacles magnifiques… et puis le week-end dernier j’en ai vécu un qui là, est venu résonner au fond de mon coeur, comme une évidence centrale où toutes ces étincelles intérieures se rejoignent, se retrouvent pour rayonner au-dedans. Comme rallumer son âme qui parfois se perd ou se ternis.

Je vais vous parler du « spectacle musiconté Brechili’an Karavan », monté par Korrigan Circus et deux conteurs professionnels de la forêt de Brocéliande en Bretagne : Aistear et Meadow. Mais avant, j’ai envie de souligner que la découverte de Korrigan Circus il y a deux ans a été un vrai coup de coeur. Je me suis sentie tellement immergée dans leur musique et leur énergie, le monde de la forêt, des êtres magiques qui y vivent et de sa féérie. ça ne pouvait que me parler. Je suis restée « connectée » à leur actu et je m’étais assurée de les revoir en concert dès leur retour en Suisse 😉

À la base de Korrigan Circus, on retrouve Stany « Tendraël » (multi instrumentiste / voix) et Nicolas « Adimir » Cotter (aussi multi instrumentiste / voix). Deux albums ont déjà touché le coeur de plus d’un, ils transmettent la magie, réveillent l’enfant intérieur qui se cache en chacun de nous, c’est d’ailleurs leur but. Aujourd’hui, la percussionniste Lena « Adasha » Plavsic a rejoint aussi le collectif qui peut compter jusqu’à plusieurs musiciens selon les concerts. Ils ont chacun un nom de Korrigan, une créature légendaire de Bretagne, comparable à un lutin. Les frères Cotter de Bramois (VS) vivent depuis quelques années sur l’île La Palma aux Canaries et choisissent une vie loin de l’évolution industrielle pour rester connectés à la nature et créer / rêver librement. Voilà qui est inspirant.

On en revient au spectacle auquel j’ai assisté le 30 août au Théâtre Interface à Sion. Jusque là, je connaissais uniquement leur musique. Le collectif venant de terminer une résidence de deux semaines dans le théâtre, un cadre superbe où on se plonge directement dans l’ambiance. On imagine bien que ça a dû être une expérience intense. Deux semaines pour travailler le spectacle mais aussi pour enregistrer le prochain album (sortie prévue pour décembre) en mêlant deux disciplines différentes mais complémentaires : Leur musique folk et le conte populaire breton. Une fantastique idée et un défi de taille pour le groupe 🙂

6 artistes rejoignent la scène entièrement réalisée à la main par les musiciens. Branches d’arbre, mousse, feuilles, lierre, troncs… tout est là pour reproduire une ambiance forestière sur scène. On a même eu droit à des fées et des lutins en laine cardée fabriqués maison et bien d’autres belles créations qui crée une atmosphère dense et immersive. Un tapis rond placé au centre permettait aux conteurs de narrer le spectacle chacun leur tour tout au long de la soirée.

Des voix, une prestance scénique, un langage semblable aux mantras, des sons de la forêt et la musique qui émane de leurs instruments plus fous les uns que les autres : une guitare, un bouzouki irlandais, un tambour malbar, une zarb bansuri, une tin whistle, une flûte traversière, des cloches tibétaines, un rhombe oiseau, un bol tibétain (bol chantant), des maracas et des Grelots. Il y a une belle cohésion entre tous les musiciens et les conteurs.

L’histoire parle de Sail, un jeune garçon qui vit dans la forêt, dans un arbre village, où la vie est douce et joyeuse. Un jour, une voix qu’il interprète comme la voix de la forêt, lui dit qu’il doit aller voyager dans le monde, dans la ville, pour diffuser cette joie, ces rires et cet amour de la vie. Il se rend donc à la ville et commence à conter aux enfants des histoires de rêves, de magie, de nature… Je t’en dis pas plus mais ce que je peux ajouter et que le message est précieux. L’ambiance est tellement bien travaillée que tu ne peux qu’entrer dans leur monde. La conteuse et le conteur vivent l’histoire accompagnée de la musique de Korrigan Circus et des bruitages accompagnant l’intrigue.

Alors que le spectacle se termine, Tendraël nous confie un message, celui de vivre et de ressentir très fort cet enfant intérieur qui ne demande qu’à rayonner. Le public est invité à se laisser porter par la musique et les vibrations.

Je n’étais évidemment pas la seule à ressentir des frissons d’émotions et avoir des yeux brillants de gratitude que de pouvoir être là, avec des êtres partageant une connexion avec le coeur. Un beau moment de partage et de rencontres.

La première de la saison du Théâtre Interface a commencé fort !

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